dimanche 17 octobre 2010

The social network


Une soirée bien arrosée d'octobre 2003, Mark Zuckerberg, un étudiant qui vient de se faire plaquer par sa petite amie, pirate le système informatique de l'Université de Harvard pour créer un site, une base de données de toutes les filles du campus. Il affiche côte à côte deux photos et demande à l'utilisateur de voter pour la plus canon. Il baptise le site Facemash. Le succès est instantané : l'information se diffuse à la vitesse de l'éclair et le site devient viral, détruisant tout le système de Harvard et générant une controverse sur le campus à cause de sa misogynie. Mark est accusé d'avoir violé intentionnellement la sécurité, les droits de reproduction et le respect de la vie privée. C'est pourtant à ce moment qu'est né ce qui deviendra Facebook. Peu après, Mark crée thefacebook.com, qui se répand comme une trainée de poudre d'un écran à l'autre d'abord à Harvard, puis s'ouvre aux principales universités des États-Unis, de l'Ivy League à Silicon Valley, avant de gagner le monde entier...
Cette invention révolutionnaire engendre des conflits passionnés. Quels ont été les faits exacts, qui peut réellement revendiquer la paternité du réseau social planétaire ? Ce qui s'est imposé comme l'une des idées phares du XXIe siècle va faire exploser l'amitié de ses pionniers et déclencher des affrontements aux enjeux colossaux...

Par quel bout dois je prendre ce film? D'un coté, c'est le biopic d'un personnage, Mark Zukerberg, dont je me soucis à peut près autant que de ma première paire de chaussettes. Je n'ai pas de compte facebook. Je n'en ai jamais eu et je vis très bien sans car je n'en vois pas l'utilité. Pour moi, facebook c'est un espèce de machin inutile, branché et chronophage. D'un autre coté, c'est un film de David Fincher, l'un des plus grand cinéaste en activité. C'est un biopic d'un personnage, Mark Zukerberg, qui à 26 ans a créé un espèce de machin inutile, branché et chronophage qui rassemble environ 500 millions de personnes dans le monde. Un machin controversé qui avec l'ogre google se bat pour posséder la moindre parcelle de notre vie privée. Il y a donc forcement matière à faire un film.


Et ce film justement est excellent. Techniquement d'abord, j'ai été impressionné par le montage qui est tout simplement bluffant. Le film alterne constamment entre présent et passé, entre les poursuites judiciaires opposant les jumeaux Winkelvoss, Eduardo Saverin à Mark Zuckerberg et entre la naissance de facebook depuis Harvard jusqu'à la Silicon Valley. Une discussion au cours des procédures judiciaires entraine l'évocation d'un souvenir qui débouche par la suite sur une autre séquence judiciaire. Tout cela s'enchaine et s'emboite parfaitement. Jamais le spectateur n'est perdu. Mieux, je dirais même que ce montage non linéaire arrive à donner de la vie et du corps à quelque chose qui serait terriblement ennuyeux et scolaire sans cela. De même plusieurs séquences du film sont magnifiées par le montage. La course d'Aviron parvient à être spectaculaire grâce à des plans originaux et un montage énergique. De même la séquence d'ouverture, la discussion entre Mark Zuckerberg et sa petite amie, ne serait pas la même sans ce montage qui colle parfaitement au rythme frénétique de Zuckerberg et sa propension à changer de sujet à chaque phrase.

The social network, est également un film baigné par une ambiance musicale. La bande originale est signée Trent Reznor, leader charismatique du groupe Nine Inch Nails. Ses sonorités mêlant notes électro, samples, piano et guitares électriques saturées créent une atmosphère à la fois moderne, aérienne et vaporeuse qui va comme un gant au film. Le coté moderne évidemment parce que ce film traite de la net économie. Le coté aérien et vaporeux, c'est pour Mark Zuckerberg qui est montré comme un personnage loin des réalités, totalement dans son monde où personne d'autre n'arrive à le rejoindre.


C'est d'ailleurs ce qui m'a le plus étonné dans ce film, la façon dont est montré Mark Zuckerberg. Le film est l'adaptation d'une biographie non officielle et surtout non autorisée écrite par Ben Mezrich. Cette biographie montrait Mark Zuckerberg sous un jour peu flatteur. On pouvait penser que le film serait dans la même veine, hors il n'en est rien. De tous les protagonistes de cette histoire, Mark Zuckerberg est celui pour qui finalement j'ai éprouvé le plus de sympathie. Les jumeaux Winkelvoss sont complètement hors du coup. Ils incarnent une jeunesse dorée à qui ont a jamais rien refusé et qui n'arrivent pas à concevoir qu'un petit étudiant leur pique leur idée et en fasse quelque chose qu'ils n'auraient jamais pu faire par manque d'ambition et de talent. Edouardo Saverin lui est juste un gagne petit. Il à une vision à court terme et pense tout de suite à monétiser facebook quand Zuckerberg à une vision à long terme et a immédiatement compris le potentiel de ce qu'il est en train de créer. Quand à Sean Parker il incarne le fric et la frime. Il est superficiel et suffisant. C'est un requin qui vendrait sans doute sa mère si il en obtenait un bon prix. Au milieu de tout ce monde, Mark Zuckerberg est le seul dont l'image sort grandie. Il n'est pas parfait. Il est asocial. Il n'accorde pas beaucoup d'importance aux autres. Mais c'est le seul qui n'essaye pas de briller par l'argent ou en écrasant les autres. C'est le seul qui a véritablement compris ce qu'était facebook. C'est le seul qui en a une vision claire sur le long terme. Et par sa scène finale, David Fincher montre clairement où va sa sympathie.


The social Network est donc un excellent film, sans doute le meilleur de cette renrée. David Fincher a réussis à m'intéresser à un sujet qui à priori n'était pas pour moi. Son film est prenant de bout en bout. Les acteurs sont tous convaincants. J'ai surtout été impressionné par Justin Timberlake que je n'imaginais pas pouvoir être si bon. Bref, une bonne surprise en ce qui me concerne.

5 commentaires:

Dom a dit…

Je ne sais pas si la scène finale donne de la sympathie envers Zuckerberg, je la trouve plutôt désolante ; finalement découvrir que le personnage est toujours hanté par la même chose, maintenant riche et sans son seul ami.

Perso j'ai une page facebook, une amie m'avait poussé à m'inscrire et pour certaine demoiselle, eh ben, je me fais pas trop prier. Disons qu'avec une utilisation modérée c'est assez pratique, ça me permet de garder contact avec des amis et d'organiser certaines choses facilement. Ensuite, la quantité sidérante d'applications à l'utilité douteuse, je n'y touche pas.

Pitivier a dit…

La dernière scène avec l'avocate est quand même plus qu'explicite. Si Fincher n'a pas voulu rendre sympathique Zuckerberg, il faudra qu'on m'explique ce qu'il a voulu faire. Sinon, désolante, ouais peut être, mais je ne l'ai pas perçu comme ca. Zuckerberg est présenté dès le début comme un solitaire. Pas sur que la perte de son amis le touche beaucoup. Est ce qu'il l'a jamais considéré comme un ami d'ailleurs? Pas sur.

cinemarium a dit…

Le portrait dressé par Fincher de Zuckerberg est, au delà d'un jugement plus ou moins péjoratif, le symbole même d'une jeunesse parfois pervertie, parfois géniale, du XXIe siècle.
Je ne pense qu'il ait voulu le critiquer ou le sympathiser: il a juste voulu retranscrire les polémiques, souvent sidérantes, de la création d'une entreprise pesant plusieurs milliards de dollars aujourd'hui.
Un portrait intéressant et particulièrement bien traité.

Marvelll a dit…

Je suis d'accord avec Cinemarium. Fincher n'a pas voulu faire de gentils ou de méchants. Chacun est là avec ses envies et ses ambitions. Ils suivent leur chemin et veulent chacun gagner quelque chose sur le produit de Zuckerberg.

Pitivier a dit…

Donc pour vous la réplique lachée à la fin par l'avocate est innocente? Je ne pense pas en effet que Fincher ait voulu faire la promo de Zuckerberg dans son film. Maintenant, de là à dire que Fincher est resté neutre... J'ai du mal. Les jumeaux passent pour des tartignoles. Saverin est gentil mais à coté de la plaque. Parker incarne tout ce que je déteste... Reste Zuckerberg. Pas un ange mais pas un salaud non plus. Moi qui était pret à le detester au début du film, je le trouvai resque sympa à la fin.

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