lundi 28 mars 2011

World War Z - Max Brooks

Auteur : Max Brooks
Editeur : Livre de poche
Pages : 535
Prix : 7,50€

La guerre des zombies a eu lieu, et elle a failli éradiquer l'ensemble de l'humanité. L'auteur, en mission pour l'ONU - ou ce qu'il en reste - et poussé par l'urgence de préserver les témoignages directs des survivants de ces années apocalyptiques, a voyagé dans le monde entier pour les rencontrer, des cités en ruine qui jadis abritaient des millions d'âmes jusqu'aux coins les plus inhospitaliers de la planète. Jamais auparavant nous n'avions eu accès à un document de première main aussi saisissant sur la réalité de l'existence - de la survivance - humaine au cours de ces années maudites. Prendre connaissance de ces comptes rendus parfois à la limite du supportable demandera un certain courage au lecteur. Mais l'effort en vaut la peine, car rien ne dit que la Ze Guerre mondiale sera la dernière.

QUELQUE PART EN REGION PARISIENNE, FRANCE

[Pitivier me reçoit dans un pavillon de banlieue. Grand, beau, musclé, il dégage une assurance impressionnante. Il m'invite à rentrer dans un bureau aux murs tapissés d'affiches de films. Les étagères sont remplies de DVD et de BD. Des comics principalement.]

Vous avez toujours été fan de zombies ?

Avant d'être fan de zombies, je suis un grand amateur de films d'horreur. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été attiré par le genre. Gamin, j'allais voir chez les copains les cassettes qu'on arrivait à se procurer. C'était souvent des mauvaises séries B, des téléfilms médiocres mais à l'époque, pour moi, ces films étaient des trésors. Puis un été à 11 ans, j'ai réussi à rentrer dans un cinéma qui diffusait le film Alien. A l'époque, il était interdit au moins de 13 ans. Ce fut un choc incroyable pour moi. En sortant de la salle, j'étais définitivement devenu accro. Il m'en fallait plus.
Je me suis mis à acheter Mad Movies régulièrement, puis canal plus est arrivé et ils diffusaient un film d'horreur tous les samedi soir. C'est comme ça que j'ai découvert mon premier Romero : Day of the dead. Au début seul l'aspect horrifique de ces films m'intéressait. Je voulais de l'horreur, des monstres, des tripes, du sang. Le message politique sous-jacent me passait au dessus de la tête. Ce n'est que bien plus tard qu'il m'est apparu évident.

Qu'est ce qui vous plait dans le thème des zombies ?

Ce double niveau de lecture me plait beaucoup. Les zombies, c'est l'horreur absolue. Les morts reviennent à la vie et ils n'ont qu'une seule idée en tête : bouffer tous les êtres vivants jusqu'au dernier. Il y a un coté graphique extrêmement plaisant avec les zombies. La chair en putréfaction, les tripes qui pendouillent, les monstres qui marchent lentement d'une démarche saccadée. De ce point de vue là, pour moi, celui qui est allé le plus loin dans la représentation des zombies c'est Lucio Fulci. Ce cinéaste est souvent décrié mais je vénère certains de ses films comme L'enfer des zombies ou Frayeur. Quand on parle de zombies, on pense immédiatement à Romero mais finalement je ne suis pas très fan de ce réalisateur. D'un point de vue purement cinématographique, je ne le trouve pas bon. Il n'a jamais eu les moyens de ses ambitions ce qui explique qu'il a souvent eu des acteurs de seconde ou de troisième zone et que ses effets spéciaux se résument souvent à de simples maquillages pas très convaincants. Par contre il a mis en place toute une mythologie autour du zombie, mythologie qui est devenue aujourd'hui incontournable. C'est aussi un réalisateur engagé et comme beaucoup de films d'horreur, ses films de zombies ont un message politique sous-jacent. Dans Night of the dead, Romero dénonce le racisme de la société américaine. Dans Dawn of the dead, il s'attaque à la société de consommation. Day of the dead peut être vue comme une dénonciation de la guerre froide. Quand à Land of the dead, la ville fortifiée qu'il met en scène ressemble fortement à l’Amérique de Bush : renfermée sur elle même et paranoïaque.

Que pensez vous de Resident Evil ou de 28 jours plus tard ?

J'aime beaucoup le film de Danny Boyle et ses suites. J'aime beaucoup moins les Resident Evil qui sont de vrais nanars. Mais ces films ne sont pas de vrais films de zombies bien qu'ils en reprennent certains codes. Ce sont des films d'infectés. Le mythe du zombie vient du vaudou. Wes Craven l'a mis en scène dans un de ses films : L'emprise des ténèbres. A l'origine, ce sont des personnes que l'on croyait mortes et que l'on enterrait. Ces personnes se réveillaient alors dans leur cercueil et comme ils n'étaient pas enterrés très profondément et que la terre était encore meuble, ils arrivaient à sortir. Mais certains devenaient fous et étaient pris pour des morts vivants. Il y a vraiment cet aspect avec la terre qui est pour moi très important. Un zombie est avant tout un corps mort en état de décomposition.

Et en dehors du cinéma, vous aimez également les zombies ? Dans la littérature par exemple.

Force est de reconnaitre que les zombies sont très peut présents dans la littérature. J'y vois deux raisons. Premièrement, le genre est mal considéré, c'est évident. Ensuite, pour moi, le zombie s’accommode mal de l'écris. Le zombie est très graphique. C'est pourquoi on en trouve principalement dans la bande dessinée. Mes deux références dans le genre sont des comics. Il y a bien sur The Walking Dead qui est pour moi un chef d’œuvre incontournable, contrairement à la série qui en a été tirée que je trouve très mauvaise. Il y a également Marvel Zombies, du même scénariste, qui dans un genre très différent, puisqu'il revisite les principaux superhéros de la marque en mode zombie, est pas mal du tout.

Et World War Z alors ? Qu'en pensez vous ?

Je dois avouer que je suis très surpris du résultat. A mon avis, Max Brooks a fait le seul livre de zombies qu'il était possible de faire, c'est à dire un livre de zombies sans zombies. Max Brooks imagine un monde où aurait eu lieu une guerre totale entre l'humanité et les zombies, une guerre qui ne pouvait se terminer que par la disparition complète de l'un des deux camps. Son récit se passe plusieurs années après la fin de cette guerre. L'humanité a gagné et un journaliste ou un écrivain rassemble divers témoignages de personnes ayant participé à cette guerre en vue d'écrire un livre sur cet évènement.

Mais de quoi ça parle alors si il n'y a pas de zombies ?

Les zombies sont très peu présents car ils ne sont pas le véritable sujet du livre. World War Z parle principalement de nous. Tous ces témoignages mis bout à bout forment une histoire qui est avant tout celle de l'effondrement de notre société. La vision que Max Brooks a des zombies est la même que celle de Romero à qui il dédie le livre. Les zombies sont une métaphore. Ils symbolisent l'état de décadence de notre société. Une société qui ne tourne plus rond, qui marche sur la tête et qui est à la fin d'un cycle comme a pu l'être la société romaine à une époque. Tous ces témoignages tendent vers cela, démontrer et dénoncer tous les travers, toutes les incohérences de notre monde. On pourrait penser que face à une menace globale qui met en danger l’existence même de l'humanité, toutes les nations, tous les peuples s'unissent et mettent de coté leurs différences afin de combattre cet ennemi commun. Hors il n'en est rien. Les divisions subsistent, les rancœurs ont la peau dure, l'individualisme reste roi. Bien sur certains témoignages sont touchants. Ils racontent des histoires poignantes et mettent en scène des héros. Mais dans l'ensemble, ce qu'il en ressort n'est pas très glorieux et la fin est très pessimiste.

World War Z est donc un roman qui s'adresse avant tout aux personnes qui ne sont pas fan de zombies ?

World War Z s'adresse aussi bien aux fans qu'aux non fans. Max Brooks est très fidèle à l'esprit de Romero. Il se dégage de ce livre une vraie culture zombièsque et un amour du genre. Cependant, les non fans seront rassurés par la rareté des effets gores ce qui leur permettra d'apprécier pleinement l'aspect politique du livre.

World War Z est donc un très bon roman si j'ai bien compris ? Il est fidèle au genre tout en arrivant à s'adresser au plus grand nombre.

Je n'irais pas jusque là. Le roman a des qualités indéniables. Il est fidèle au mythe, il est parfois drôle, souvent grinçant. Il est extrêmement divertissant mais d'un intérêt littéraire limité. Cette suite de témoignages donne un coté documentaire, voulu et assumé, à l’œuvre. C'est livré brut de fonderie. Ça manque de liant. Et puis force est de reconnaitre que les témoignages ne sont pas tous de la même qualité. Certains peuvent sonner creux voire paraitre cliché. Et j'ai trouvé que le concept du documentaire avait tendance à s'essouffler légèrement sur la fin. Quoi qu'il en soit, le livre dégage une forte personnalité qui ne peut que plaider en sa faveur. Les bons livres de zombies doivent se compter sur les doigts d'une main et celui ci en fait partie. Il serait donc dommage de passer à coté. Et puis qui sait... Peut être que certains lecteurs vont se découvrir une affinité avec le genre et s'intéresser à ce cinéma qu'on réservait encore aux projections de minuit il n'y a pas si longtemps.

Ils en parlent également : Arutha, BiblioManu, Gromovar, Efelle, Hugin & Munin, Salvek

CITRIQ

Challenge Fins du monde

11 commentaires:

Acr0 a dit…

Ahlàlà :) Vivement sa lecture !
Il est au programme de la lecture commune d'avril sur le Cercle d'Atuan ;) (http://lecercle.atuan.org/)

Pitivier a dit…

Je connais le cercle d'atuan mais je n'y participe pas car son mode de fonctionne n'est pas pour moi. Je suis incapable de lire un livre par petits bouts pendant un mois et je suis également incapable de lire plusieurs livres en même temps. Mais je surveillerai cette lecture commune avec beaucoup d'attention.

Guillaume44 a dit…

Très originale comme chronique, en clin d'oeil au roman, bien vu !

@ Pitivier : je fais certaines lectures communes avec le Cercle d'Atuan mais je ne respecte absolument pas le calendrier de lecture. Par exemple j'ai commencé la lecture de ce mois-ci alors que j'aurais dû en être rendu à la 4ème partie et j'ai fini le roman avant le bouclage de fin de mois.

Pitivier a dit…

putain des fois je devrais me relire 30 secondes avant de poster un commentaire. :(

@Guillaume : merci pour le compliment

Tigger Lilly a dit…

Je suis fan de ton billet XD

Gromovar a dit…

Wow, c'est du rapide.

Pitivier a dit…

@Tigger Lilly : merci!!! Les zombies, ça m’inspire. :)

@Gromovar : Il faut dire que ce lis super rapidement.

A.C. de Haenne a dit…

Hello, je suis en train de le lire. Je lirai ton avis un peu plus tard (parce qu'il m'intéresse !)

A.C.

Thom a dit…

Très sympa cette critique et très proche du style du bouquin.
Je suis également entrain de le lire. (lecture commune du cercle d'Atuan ce mois-ci)

Pitivier a dit…

Merci bien. Je vais suivre cette lecture commune avec attention.

Shanaa a dit…

28 jours plus tard et très sympa..
Quant à Resident evil, no comment..

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