C'est dimanche et au début de ce blog, j'avais instauré la vidéo du dimanche. Un rendez vous amusant que j'ai un peu laissé de coté c'est dernier temps. Et bien la vidéo du dimanche est de retour. Pour combien de temps ? Je verrais bien. Mais pour fêter ce retour, et comme en ce moment Arthur C. Clarke est à l'honneur sur mon blog, écoutons le adresser un message à la mission Cassini qui en 2007 a survolé Japet, un satellite de Saturne qui tiens un rôle primordial dans son roman 2001, l'odyssée de l'espace.
Et pour ceux qui ne parleraient pas anglais, voici la traduction.
Salut ! Ici Arthur Clarke, en ligne depuis ma demeure à Colombo, Sri Lanka. Je suis très heureux de prendre part à cette cérémonie qui marque le survol de Japet par Cassini. Mes salutations à tous mes amis - connus et inconnus - qui sont réunis pour cet événement important. Je souhaiterais être avec vous, mais je suis maintenant cloué sur un fauteuil roulant par la Polio, et je ne quitterai plus le Sri Lanka. Grâce à Internet, j'ai suivi la progression de la mission Cassini-Huygens depuis le moment de son lancement, il y a plusieurs années. Comme vous le savez, j'ai plus qu'un intérêt passager pour Saturne. J'ai été vraiment stupéfié, début 2005, quand la sonde Huygens a renvoyé un enregistrement sonore depuis la surface de Titan. C'est exactement ce que j'avais décrit dans mon roman de 1975, Planète Impériale, quand mon personnage écoute les vents balayant les plaines désertes. Peut-être était-ce un avant-goût de choses à venir ! Le 10 septembre, si tout se passe comme prévu, Cassini devrait nous donner la vue plus rapprochée de Japet que l'on ait jamais eue - l'une des plus intéressantes des lunes de Saturne. La moitié de Japet apparaît aussi sombre que le goudron, et l'autre moitié aussi brillante que la neige. Quand Giovanni Cassini découvrit Japet en 1671, il ne put voir que le côté brillant. Nous en avons eu un meilleur aperçu quand Voyager 2 la survola en Août 1981 - mais c'était à presque un million de kilomètres de distance. En comparaison, Cassini va passer à un petit peu moins de mille kilomètres de Japet. C'est un moment particulièrement excitant pour les fans de 2001: l'odyssée de l'espace - parce que c'est l'endroit où l'astronaute solitaire Dave Bowman découvre le monolithe de Saturne, qui se révèle être la passerelle vers les étoiles. Le chapitre 35 du roman a pour titre "l'Oeil de Japet", et contient ce passage:
"D'objet astronomique, Japet devint paysage, mais nul n'aurait pu dire à quel moment s'était opérée cette mutation infiniment subtile. Le sol n'était plus qu'à quatre-vingts kilomètres. Les fidèles verniers donnèrent les dernières poussées et s'immobilisèrent à jamais. Discovery 1 était maintenant placé en orbite définitive. Il tournait autour de Japet en trois heures à une vitesse de mille trois cent kilomètres à l'heure, amplement suffisante dans ce faible champ gravifique."
Plus de 40 ans plus tard, je ne peux plus me rappeler pourquoi j'ai placé le monolithe de Saturne sur Japet. A cette époque, aux premiers jours de l'Age de l'Espace, les télescopes sur Terre ne pouvaient montrer aucun détail de ce corps céleste. Mais j'avais depuis toujours éprouvé une étrange fascination pour Saturne et sa famille de lunes. Incidemment, cette 'famille' a grossi à un rythme impressionnant ! Quand Cassini a été lancée, nous ne connaissions que 18 lunes. Si je comprends bien, nous en sommes à 60 - et le compteur tourne. Je ne résiste pas à la tentation de dire:
"Mon Dieu, c'est plein de lunes !"
Mais dans le film, Stanley Kubrick décida de placer l'action à Jupiter, et pas Saturne. Pourquoi ce changement ? Eh bien, d'une part cela faisait un récit plus direct. Et, plus important, le département des effets spéciaux ne put pas produire une Saturne que Stanley trouva convaincante. C'était tout aussi bien car s'ils avaient réussi, le film aurait paru bigrement daté suite aux missions Voyager, qui montrèrent les anneaux de Saturne encore moins plausibles que tout ce qu'on avait pu imaginer. J'ai vu pas mal de cas où la Nature imite l'art, et je garde les doigts croisés en attendant ce que Cassini va découvrir sur Japet. Je tiens à remercier tout ceux qui participent à cette mission et au projet dans son ensemble. Il peut lui manquer la séduction des vols habités, mais les projets scientifiques sont bien plus importants pour la compréhension du Système Solaire. Et, qui sait, un jour peut-être notre survie sur Terre dépendra de ce que nous découvrons là-bas. C'était Arthur Clarke, qui vous souhaite un survol réussi.
"D'objet astronomique, Japet devint paysage, mais nul n'aurait pu dire à quel moment s'était opérée cette mutation infiniment subtile. Le sol n'était plus qu'à quatre-vingts kilomètres. Les fidèles verniers donnèrent les dernières poussées et s'immobilisèrent à jamais. Discovery 1 était maintenant placé en orbite définitive. Il tournait autour de Japet en trois heures à une vitesse de mille trois cent kilomètres à l'heure, amplement suffisante dans ce faible champ gravifique."
Plus de 40 ans plus tard, je ne peux plus me rappeler pourquoi j'ai placé le monolithe de Saturne sur Japet. A cette époque, aux premiers jours de l'Age de l'Espace, les télescopes sur Terre ne pouvaient montrer aucun détail de ce corps céleste. Mais j'avais depuis toujours éprouvé une étrange fascination pour Saturne et sa famille de lunes. Incidemment, cette 'famille' a grossi à un rythme impressionnant ! Quand Cassini a été lancée, nous ne connaissions que 18 lunes. Si je comprends bien, nous en sommes à 60 - et le compteur tourne. Je ne résiste pas à la tentation de dire:
"Mon Dieu, c'est plein de lunes !"
Mais dans le film, Stanley Kubrick décida de placer l'action à Jupiter, et pas Saturne. Pourquoi ce changement ? Eh bien, d'une part cela faisait un récit plus direct. Et, plus important, le département des effets spéciaux ne put pas produire une Saturne que Stanley trouva convaincante. C'était tout aussi bien car s'ils avaient réussi, le film aurait paru bigrement daté suite aux missions Voyager, qui montrèrent les anneaux de Saturne encore moins plausibles que tout ce qu'on avait pu imaginer. J'ai vu pas mal de cas où la Nature imite l'art, et je garde les doigts croisés en attendant ce que Cassini va découvrir sur Japet. Je tiens à remercier tout ceux qui participent à cette mission et au projet dans son ensemble. Il peut lui manquer la séduction des vols habités, mais les projets scientifiques sont bien plus importants pour la compréhension du Système Solaire. Et, qui sait, un jour peut-être notre survie sur Terre dépendra de ce que nous découvrons là-bas. C'était Arthur Clarke, qui vous souhaite un survol réussi.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire
Attention : Tout commentaire Anonyme sera systématiquement effacé.
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.