lundi 10 janvier 2011

Superman Earth One

Scénariste : Joseph Michael Straczynski
Dessinateur : Shane Davis
Editeur : DC Comics
Pages : 136
Prix : 19.99$

Clark Kent est différent. Il peut voler. Il peut voir à travers les murs, enflammer les objets d'un simple regard. Il est un dieu parmi les mortels. Mais il est seul et sans but.
Comme tous les jeunes de vingt ans, il ne sait pas ce qu'il veut faire de sa vie. Il peut faire ce qu'il veut : sport, science, finance, médias. Seul le ciel est sa limite s'il choisit de cacher ses pouvoirs et sa véritable identité au monde.
Mais lorsque qu'un vaisseau d'une lointaine planète apparait et que la Terre est menacée, Clark doit prendre la plus importante décision de sa vie : révéler sa présence au monde entier, abandonner l'espoir d'une vie normale... ou laisser le monde périr.


Apparition du multivers - Flash #123
Avant de commencer à parler de ce comics, il me semble nécessaire de faire un petit rappel historique sur ce qu'est Earth One et la notion de multivers chez DC Comics. Tout le monde n'a pas forcement une culture comics et en plus, l'univers DC est beaucoup moins connu en France que celui de Marvel. Tout commence donc en 1961 quand DC prend la décision de séparer dans des univers différents la Justice Society of America, groupe de supers héros de l'age d'or des comics, et la Justice League of America, regroupant les versions de l'age d'argent des comics. Désormais, la JSA évolue dans une terre appelée Earth-1 et la JLA évolue dans une terre appelée Earth-2. C'est la naissance du multivers chez DC Comics. D'autres versions de la Terre feront leur apparition comme Earth-3 qui est une Terre inversée où Lex Luthor est le seul super héro à se battre contre des méchants inspirés des héros de Earth-2. Ce multivers va ainsi évoluer pendant plus de 20 ans. Les habitués s'y retrouvent sans peine par contre, pour les nouveaux venu cet univers est assez difficile d'accès. En 1985, DC Comics va alors prendre la décision de simplifier son univers et va lancer pour cela la mini série "Crisis on Infinite Earths" qui en douze numéros va complètement détruire le multivers DC. Les différentes versions de la Terre vont être fusionnées dans une seule et de nombreux héros vont disparaitre tandis que d'autre vont voir leur histoire réécrite. L'objectif est à moitié atteint car à l'issue de cette mini série, il subsistera de nombreuses incohérences dans l'univers DC que l'éditeur s'efforcera de corriger plus ou moins bien les années suivantes. Durant les années 2000, l'univers DC a été encore pas mal chamboulé. Ce fut la décennie des "crises" avec Identity Crisis en en 2004 et Infinite Crisis l'année suivante. Cette dernière crise a eu de grandes conséquences sur bon nombre de supers héros et sur la continuité officielle de l'univers DC. L'un des changements les plus important est révélé à la fin de la série 52 : le multivers is back. La terre où évolue les supers héros est rebaptisée "New Earth" et 52 versions de cette Nouvelle Terre apparaissent (Earth 1 à Earth 52). Vous trouvez ca compliqué ? C'est normal.


C'est dans dans cette Earth One post crisis que cette aventure de Superman prend place. Pour DC Comics l'objectif est simple. Débarrassé d'une continuité encombrante, il s'agit de proposer une version moderne de l'homme de fer. Superman Earth One est donc une sorte de reboot, ou si vous préférez une version alternative dont l'ambition est de concurrencer Marvel et sa collection à succès Ultimate qui modernise ses héros les plus populaires en en proposant une nouvelle version dans un univers parallèle. Comme quoi, les multivers il y a pas que chez DC qu'il y en a... Lorsque l'histoire débute, Clark Kent a 20 ans. Fraichement débarqué à Métropolis en provenance de sa Smallville natale, il s'interroge. Qui est il ? D'où vient il ? Quel sens donner à sa vie ? Doit il mettre à profit ses extraordinaires pouvoirs au risque de renoncer à une vie normale ? Toute sa vie Clark Kent a été traité en paria. Déjà enfant, ses camarades d'école le mettaient à l'écart, sentant en lui quelque chose de différent. Clark Kent n'aspire donc qu'à une chose, la tranquillité et accessoirement découvrir qui il est. Mais une terrible menace extra terrestre débarque à Métropolis. Une menace qui va l'obliger à faire un choix et qui va lui apprendre la vérité sur son identité et sur sa planète natale, Krypton...


C'est donc un Superman plus sombre qui nous est présenté ici. Christopher Nolan ayant ouvert la voie avec son Dark Knight, le mot d'ordre chez DC est noir, noir, noir et ceux qui étaient agacé par le coté "Monsieur Propre" de Superman risquent d'être surpris. Celui ci est humain, profondément humain, plein de doutes et d'incertitudes. L'écriture de Straczynski, toute en nuance et en délicatesse, traduit très bien cet état d'esprit. Peu d'action dans ce comics. Beaucoup de questionnements. On a pas trop l'habitude de voir Superman comme ca et beaucoup de fans ont été pour le moins surpris, voir contrarié, que l'on touche à ce point à une icône de la culture populaire américaine. Mais l'histoire a un potentiel dramatique très fort. La psychologie du personnage est plus nuancée. Clark Kent perçoit ses pouvoirs un peu comme une malédiction. Il y a aussi un questionnement sur la légitimité du personnage. Qu'est ce qui lui donne le droit de se proclamer protecteur d'une humanité qui n'a finalement rien demandé ? Et puis Straczynski se permet quelques changements par rapport à la mythologie de Superman, principalement sur la destruction de la planète Krypton. Ne voulant pas spoiler, je ne vais pas en dire plus. Simplement, cela ouvre une voie intéressante qui ne demande qu'à être exploitée.


Cette histoire est parfaitement mise en valeur pas le dessin de Shane Davis, un artiste très talentueux à qui on prédis un grand avenir. Celui ci présente Métropolis d'un façon différente. Moins propre, moins brillante. Les couleurs sont moins éclatantes, plus réalistes, plus nuancées. Le style est simple. Il a un petit coté traditionnel tout en étant moderne. Il est très loin de ce que l'on peut voir chez certains artistes qui retravaillent énormément leur dessins ordinateurs. C'est moins lisse, moins net mais cela a plus de caractère... Comme notre Clark Kent en quelque sorte. On peut juste reprocher un certain manque d'émotions sur les visages. Et encore, sans doute cela est il voulu vu l'état d'esprit de Clark Kent.

Superman Earth One est donc un comics que je recommande chaudement. Uniquement disponible en vo dans un très beau hardcover, il devrait sans doute être rapidement traduit. Toutefois, le niveau d'anglais n'est pas extraordinaire. C'est compréhensible, très facilement, par quiconque a un bon niveau d'anglais scolaire. D'autres aventures de Superman sont prévues dans cet univers. J'ai hâte de les avoir entre les mains. DC a également parlé d'un Batman Earth One encore plus sombre qu'à l'accoutumée, avec de nouveaux ennemis. J'en salive d'avance.

5 commentaires:

Marvelll a dit…

Je le prendrais dès sa sortie en France. Merci pour l'article.

Pitivier a dit…

Tiens, j'avais prévu d'en parler dans mon article et puis je me suis laissé emporté par mon élan et j'ai oublié.... Du même Straczynski je recommande très très chaudement Supreme Power. C'est une relecture sombre et désabusée des principaux héros DC (Superman, Batman, Green Lantern) vus par Marvel.... De la bombe. Et c'est dispo en francais.

Marvelll a dit…

Supreme Power, c'est super mais la fin est où? Parce que bon depuis le crossover avec l'univers Ultimate, c'est au point mort... Du moins en France.

Le Corsaire a dit…

Merci de nous tenir informé quand le batman sortira. Cela a l'air très interessant.

Pitivier a dit…

je n'y manquerai pas.

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