vendredi 3 décembre 2010
Monsters
Une sonde de la NASA s’écrase dans la jungle mexicaine, libérant sur terre des particules d’une forme de vie extra-terrestre. Six ans plus tard, le Mexique et le Costa-Rica sont devenus des zones de guerre désertées par les populations locales, mises en quarantaine et peuplées de créatures monstrueuses. Un photographe est chargé d’escorter une jeune femme à travers cette zone dévastée. Seuls sur la route, ils vont tenter de rejoindre la frontière américaine...
Film au budget minimaliste (on parle de 200 000$), tourné en vidéo avec bon nombre d'acteurs amateurs recrutés sur place, Monsters arrive sans crier gare dans les salles en cette fin d'année et surprend son monde par sa SF romantique. Film touchant, film poignant, film différent, Monsters est un ovni qu'il ne faut pas manquer. Beaucoup de critiques comparent Monsters à District 9. Même si les deux films partagent un discours politique sous jacent, je pense que faire cette comparaison est une grave erreur. Non seulement on ne peut pas faire plus différent comme films, mais en plus cette comparaison risque d’attirer les spectateurs dans les salles pour de mauvaises raisons. Cela dit, il faudrait déjà que le film soit bien distribué. 89 salles en France dont 15 en région parisienne, pour une première semaine ce n’est pas la joie.
Si je devais rapprocher ce film d’un autre, le premier qui me viendrait à l’esprit serait Lost In Translation de Sofia Coppola. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus SF comme référence mais finalement, les deux films parlent de la même chose, à savoir la rencontre improbable de deux êtres désespérément seuls. Deux être seuls et perdus, doublement perdus dans un pays étranger tout d’abord puis au sein d’une zone contaminée par des aliens. Une sorte de no man’s land coupé du reste du monde par un grillage coté mexicain et un énorme mur coté américain. Livrés à eux même dans cette terre inhospitalière bombardée en permanence par des missiles américains, ils vont être profondément changés par cette expérience.
Le film baigne en permanence dans une ambiance irréelle, poétique, onirique et éthérée. On suit la progression de ces deux personnes comme un parcours initiatique. Au début du film on les rencontre sur d’eux, de qui ils sont, d’où ils vont. Toutes ces certitudes vont être remises en question par leur aventure. Les certitudes sur eux même en premier lieu mais également sur le monde qui les entoure, sur la présence des aliens et le discours officiel américains. Monsters, c’est l’histoire d’une renaissance, d’un passage à l’âge adulte. Et cette ambiance éthérée est sublimement mise en valeur par un score magnifique. Là encore, la comparaison avec Sofia Coppola s’impose. Lost In Translation était sublimé par la musique de Air. Monsters est transcendé par la musique de Jon Hopkins. Une musique électronique, légèrement post rock, qui se marie parfaitement aux images et qui contribue pleinement à l’identité du film.
Mais Monsters, ça n’est pas qu’une SF romantique, une bête histoire d’amour. Monsters c’est aussi un film au discours politique, une critique d’une certaine Amérique arrogante et impérialiste. Dans Monsters, Les Etats-Unis se sont barricadés. Ils ont érigé un mur immense tout le long de la frontière mexicaine. C’est une Amérique repliée sur elle même, sourde aux souffrances du peuple mexicain. C’est une Amérique qui s’arroge le droit de bombarder à sa guise la zone contaminée, aveugle et insouciante des dégâts collatéraux engendrés sur les populations civiles. C’est aussi une Amérique arrogante qui considère comme suspect des créatures qu’elle ne connaît pas. As t’elle seulement cherché à les connaître ? Le film ne le dit pas mais montre clairement la méconnaissance flagrante de ces créatures extra-terrestres qui sont traitées comme une menace qu’il faut contenir voire éradiquer. Le parallèle avec la situation actuelle des Etats-Unis est intelligent. Certains pourraient trouver le trait grossier. Peut être mais on ne peut nier cet aspect d’un pays qui fascine autant qu’il provoque le rejet.
Monsters est pour moi la bonne surprise de cette fin d’année. Le film que je n’attendais pas et qui m’a touché. N’y allez pas pour voir de l’action. Il n’y en a pas. N’y allez pas non plus pour voir des monstres, ceux ci n’apparaissent presque pas. C’est d’ailleurs assez troublant qu’un film qui s’appelle Monsters ne les montre quasiment jamais. A moins bien sur que les monstres ca ne soient pas les aliens…
7 commentaires:
Alala, je peux seulement aller le voir en VF... à moins qu'il soit reprogrammé en VO près de chez moi mais je n'y crois pas. Je crains avoir à attendre une sortie en BR...
Le BR zone A est prévu pour le 1er février. Ca va venir vite. Par contre, je n'ai pas trouvé d'infos sur les sous titres. Mais bon, avec un niveau d'anglais correct, des sous titres anglais devraient le faire.
Chouette, mais region free ?
Aucune idée. J'ai un lecteur multi zones donc ca n'est pas l'info que je regarde en premier.
Il a été diffusé dans 1 salle nantaise, une seule, et à +20 minutes de chez moi en voiture uniquement, par une semaine enneigée ! Je suis colère, les amis, je suis colère.
Même à Paris c'était pas simple de le voir. A mon avis, le distributeur à mal fait son job. Il aurait mieux fait de sortit ce film en septembre/octobre ou en janvier.
Ayé je l'ai vu ! Bon, je l'ai trouvé plutôt agréable à découvrir mais quelques points me gênent dans le scénario, justement vis à vis de la politique américaine qui contraste avec le cadre de l'histoire : ces créatures sont là depuis plusieurs années, c'est une vision assez grossière de montrer que les forces américaines se contentent de contenir et de frapper sans chercher à comprendre le phénomène et ces créatures.
Le film doit en tout cas beaucoup à sa B.O. qui crée une belle atmosphère, et comme bien souvent, c'est ce qui démarque les productions "fauchées" des autres : Moon se démarque aussi grâce à sa musique.
Enregistrer un commentaire
Attention : Tout commentaire Anonyme sera systématiquement effacé.
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.