vendredi 26 août 2011

2001, l'odyssée de l'espace - Arthur C. Clark

Auteur : Arthur C. Clarke
Editeur : J'ai lu
Pages :190
Prix : 3,70€

Le vaisseau Explorateur 1 est en route vers saturne. A son bord, deux astronautes et le plus puissant ordinateur jamais conçu, HAL 9000. cinq ans plus tôt, un étrange monolithe noir a été découvert sur la Lune. la première preuve d'une existence extraterrestre. Et bien longtemps avant, à l'aube de l'humanité, un objet similaire s'était posé sur terre et avait parlé aux premiers hommes. Un nouveau signe de cette présence a été détecté aux abords de Saturne. Que sont ces mystérieuses sentinelles ? Quel message doivent-elles délivrer ? Nous sommes en 2001 . L'humanité a rendez-vous avec la porte des étoiles, aux confins du cosmos...

En 1964 Stanley Kubrick contacta Arthur C. Clarke et lui fit une proposition : "Et si on faisait ensemble le bon film de science fiction, celui dont tout le monde parle et que personne n'a jamais vu." Quatre ans plus tard sortait sur les écrans le résultat de cette collaboration, 2001 l'odyssée de l'espace, un film qui révolutionna le cinéma et qui est considéré à juste titre comme l'un des meilleurs de tous les temps. Mais la même année sortit également le livre écrit par Arthur C. Clarke qui n'est pas une novellisation du film de Kubrick mais la même histoire racontée du point de vue de l'écrivain, sa vision de l'histoire avec sa sensibilité. Le point de départ des deux œuvres est une nouvelle écrite par l'auteur anglais à la fin des années 40 : la sentinelle.

En fan inconditionnel du film de Kubrick, j'ai toujours considéré le livre comme un objet étrange, inutile, ne pouvant rien apporter de plus par rapport au film que je classe dans la catégorie des chefs d’œuvre. Et puis la curiosité a été plus forte et j'ai finalement éprouvé le besoin de confronter les deux oeuvres et par la suite d'enchainer sur le cycle complet. L'histoire de 2001, tout le monde ou presque la connait. Elle est sensiblement identique dans le film et dans le livre avec toutefois certaines différences, la plus importante étant que dans le livre, Discovery One ne voyage pas vers Jupiter mais vers Saturne. On peut juger ces différences insignifiantes et pour la plupart elles le sont. Même histoire, même décor, même personnages et pourtant que ce soit sur le fond ou sur la forme, le livre de Clarke ne supporte pas la comparaison avec le film de Kubrick qui lui est supérieur en tout.

Sur la forme, le film est révolutionnaire en ce sens qu'il raconte plus de choses par ses silences que par ses dialogues. Sur les 2h20 de film, il n'y a que 40 minutes de dialogues qui sont bien souvent insignifiants. Kubrick osa également des choses incroyables pour un film qui était quand même une super-production au budget important (musique de Ligeti, ouverture de 30 minutes sur les hommes préhistoriques, rythme lent, fin énigmatique). Il s'en expliquait de la façon suivante :
"J'ai essayé de créer une expérience visuelle qui contourne l'entendement et ses constructions verbales pour pénétrer directement le subconscient avec son contenu émotionnel et philosophique... J'ai voulu que le film soit une expérience intensément subjective qui atteigne le spectateur à un niveau profond de conscience, juste comme la musique."
Force est de constater que le livre n'a pas la même audace formelle. Il n'est pas mauvais, loin de là. Il est même plutôt bon, sans être le chef d’œuvre que certain veulent bien dire. Mais ça n'est qu'un livre de science fiction assez classique dans sa forme, au style froid et épuré, il est en cela assez fidèle au film, avec une légère touche de "hard sf". Rien de novateur donc dans ce roman.

Quand au fond, là ou le film de Kubrick est admirable c'est qu'il s'adresse directement à notre subconscient. Il pose des questions fortes, sur nos origines, notre but. Il nous questionne sur des choses intimes sans jamais imposer à un seul moment de réponses. Ce choix, Kubrick l'assumait complètement.
"Vous êtes libres de spéculer à votre gré sur la signification philosophique et allégorique du film, mais je ne veux pas établir une carte routière verbale pour 2001 que tout spectateur se sentirait obligé de suivre sous peine de passer à coté de l'essentiel."
Ce monolithe noir, que l'on devine envoyé par une entité inconnue afin d'aider l'Homme à franchir une étape dans son évolution peut avoir aussi bien une origine extra-terrestre que divine, selon que l'on soit athée ou croyant. Clarke lui, emprunte la voie de la clarté et choisit d'expliquer. Il ne dit pas tout mais il donne suffisamment de clés pour que le lecteur ne soit pas perdu. Ce choix a des conséquences qui vont bien plus loin que la simple clarté du récit. Alors que Kubrick pose les questions "Qui sommes nous ?" et "Où allons nous ?" qui dépassent le cadre de la science fiction, Clarke se contente de réponde à la question "Sommes nous seul dans l'univers ?".

On entend souvent, en parlant d'un livre et de son adaptation au cinéma, que le film est moins bien que le roman. 2001 est l'un des exemples les plus connu, avec Psychose d'Hitchcock, de film infiniment supérieur au roman. Encore une fois, le livre de Clarke n'est pas mauvais. Pour peu que vous le preniez pour ce qu'il est, il vous fera sans doute passer un agréable moment. Mais prendre ce livre pour un mode d'emploi du film c'est lui faire trop d'honneur et vous priver d'une expérience cinématographique unique. Voir 2001 c'est aussi accepter le risque de ne pas tout comprendre à la première vision.

NB : La traduction française de 2001, modifie le nom du célèbre ordinateur HAL en CARL. Le clin d'oeil à IBM n'a visiblement pas été compris par le traducteur. C'est cette traduction qui est disponible dans les éditions poches éditées par j'ai lu. L'intégrale du cycle des odyssées est également éditée par omnibus. Dans cette édition, la traduction de 2001 est toujours celle réalisée par Michel Demuth mais elle a été corrigée et HAL retrouve son nom. Sachant que cette édition ne vous coutera pas beaucoup plus cher que les quatre livres de poches et que vous aurez également en bonus les nouvelles "Rencontre à l'aube", "La sentinelle" et un très bon essai de Jacques Goimard en guise d'introduction, vous savez quoi acheter si vous voulez lire 2001 et ses suites.

CITRIQ

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8 commentaires:

Guillmot a dit…

Très bonne chronique.

Lorhkan a dit…

Belle chronique en effet !

N'ayant rien capté au film quand je l'ai vu il y a très longtemps (et je ne l'ai pas revu depuis), je me suis dit que le livre éclairerait pas mal de choses.

Ton avis me refroidit un peu, et je pense que du coup, une nouvelle vision du film s'impose.

Cela dit, je pense qu'il reste intéressant de mettre les deux oeuvres en perspective. Résultat : il faut que lise le livre, et revois le film.

Pitivier a dit…

Merci pour vos commentaire. Lorhkan, effectivement la mise en perspective de ces deux œuvres est plus qu’intéressante. C'est ce qui m'a motivé dans ma lecture. Maintenant, je te conseille fortement quand même de voir le film avant de lire le livre. Je dirais même de le voir deux fois en laissant passer un peu de temps entre chaque visionnage pour laisser le temps de la réflexion.

GiZeus a dit…

Je crois que j'avais tenté de regarder le film, mais j'avais arrêté au bout de 20 minutes. Bon j'étais gosse et avec des standards différents, mais tu m'as donné envie de voir le film finalement.

Pitivier a dit…

@GiZeus : Je te rassure, la première fois que j'ai vu 2001, je devais avoir 12 ou 13 ans et je n'ai strictement rien compris. Il m'a fallu attendre un paquet d'années avant de le revoir et de tomber sous le charme.

Anonyme a dit…

J'ai découvert le film à la mort de Kubrick, le cinéma près de chez moi ayant alors ressorti le film. Quelle claque !

Il est déjà impressionnant sur une télé, mais la salle de cinéma, noire, et le grand écran lui donnent sa véritable dimension.

Pitivier a dit…

Effectivement c'est sur grand écran que le film prend toute son ampleur. Je l'avais vu il y a quelques années au Max Linder et c'était magnifique.

Xapur a dit…

Je suis en train de finir de publier mes avis sur les différents romans de l'Omnibus, et force est de constater que 2001 est le meilleur. Il ne me reste plus qu'à revoir le film, qui m'avait également beaucoup dérouté lorsque je l'ai vu la première fois !

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