jeudi 17 février 2011

American Psycho


Patrick Bateman, 27 ans, flamboyant golden-boy du Wall Street d'avant le krach d'octobre 1987 est beau, riche et intelligent, comme tous ses amis. Il fréquente les restaurants les plus chics, où il est impossible d'obtenir une réservation si l'on est pas quelqu'un, va dans les boîtes branchées et sniffe de temps en temps un rail de coke, comme tout bon yuppie.

Mais Patrick a une petite particularité : c'est un psychopathe. À l'abri dans son appartement hors de prix, au milieu de ses gadgets dernier cri et de ses meubles en matériaux précieux, il tue, décapite, égorge, viole. Sa haine des pauvres, des homosexuels et des femmes est illimitée, et son humour froid est la seule trace d'humanité que l'on puisse lui trouver.


Réaliser une adaptation d'American Psycho était une entreprise risquée, le roman étant pour moi inadaptable. En effet, alors que le livre nous place au coeur des pensées les plus sombres de Patrick Bateman, le film ne peut, par définition, que nous ramener à notre rôle de spectateur extérieur. Comment arriver alors à retranscrire à l'écran toute la complexité du personnage ? La déception était donc inévitable.


Le film est en fait un bien pale reflet de ce qu'est le livre. La réalisatrice, Mary Harron, a fait le choix d'axer son histoire sur les meurtres et le délire schizophrénique de Patrick Bateman et de minimiser la critique sociale. Alors que dans le livre, il faut presque attendre la moitié du récit pour que Bateman commence à tuer, cela arrive très rapidement dans le film. Toute la première partie présentant la vie du personnage, rythmée par ses diners au restaurant, ses sorties en boite, sa consommation de cocaïne est expédiée. On retrouve bien sur quelques passages obligés comme la comparaison des cartes de visite, le rituel de la douche. Il y a bien quelques descriptions vestimentaires, des énumérations de marques de luxe mais cela reste minimaliste. Quand aux scènes de violence, elles sont pudiquement montrées. N'espérez pas retrouver le gore outrancier du livre. Seules quelques éclaboussures de sang témoignent des massacres perpétrés. Quand aux scènes les plus violentes du livre (cannibalisme, infanticide, viols, tortures) elles ont purement et simplement disparu. Il fallait bien s'y attendre, le film aurait été classé X sinon.


Mais malgré cela, j'avoue que j'ai quand même réussi à apprécier ce film pour ce qu'il est. Certes, l'histoire est expurgée de ce qu'elle a de plus choquant, certes des raccourcis énormes sont pris pour faire tenir 527 pages dans un film de 102 minutes, mais le film est porté à bout de bras par un Christian Bale extraordinaire qui incarne Patrick Bateman à la perfection. Toute la folie du personnage est perceptible dans son interprétation. Je doute que quelqu'un n'ayant pas lu le livre arrive à recoller les morceaux de cette oeuvre patchwork. Mais moi, ayant à peine refermé le roman, j'y ai trouvé mon compte.


Quoi qu'il en soit, rien ne remplacera la lecture de ce roman extraordinaire qu'est American Psycho. Si vous ne l'avez jamais lu, donnez lui sa chance, il le mérite. Quand au film, il reste sympa à regarder pour l'interprétation de Christian Bale, le reste étant bien trop fade pour émoustiller notre appétit de films déviants et subversifs.

6 commentaires:

Guillmot a dit…

On entend des répliques de American Psycho dans un des albums de black speed metal du groupe Children of Bodom.

Pitivier a dit…

Tout un programme. :) J'avoue ne pas connaitre.

Marvelll a dit…

Je n'ai jamais le film. Si je trouve le bluray à petit prix, je sais ce qu'il me reste à faire.

PS : C'est galère de mettre des commentaires sur blogspot.

Dom a dit…

Eh oui, difficile d'adorer le film quand on a lu le bouquin mais Bale est excellent. Jusqu'à présent, la seule adaptation cool de Bret Easton Ellis - et quoi que s'éloignant beaucoup du livre - est Les Lois de l'attraction.

Je pense que le film aurait gagné à utiliser une voix-off pour la majeure partie des scènes. Décrire les fringues, les humeurs ; vraiment partir dans le délire de Bateman.

A.C. de Haenne a dit…

C'est quand même assez fort : Bale joue ici le rôle de Bateman avant, quelques années plus tard, d'endosser le costume de Batman !
Oui, je sais, mon commentaire ne sert à rien...

A.C.

Pitivier a dit…

Mais non. Il m'aura bien fait rire. C'est déjà bien. ;)

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