vendredi 1 octobre 2010
Wall Street : l'argent ne dort jamais
Gordon Gekko sort de prison après avoir purgé sa peine pour délit d'initié et fraude boursière. Il n'est plus que l'ombre de lui-même et totalement hors du circuit de la haute finance. Jake Moore, jeune trader ambitieux fait gagner des millions à Louis Zabel, son mentor, via le fonds d'investissement Keller Zabel. Sa petite amie, Winnie, n'est autre que la fille de Gordon Gekko, un homme qu'elle méprise et refuse de revoir. Lorsque Louis Zabel se suicide, Gordon Gekko et Jake Moore vont se rapprocher avec des objectifs bien différents...
Plus de 20 ans après son brulot contre les dérives du capitalisme, Oliver Stone remet le couvert. Il faut dire que la période s'y prête admirablement, les marchés financiers étant embourbés dans la crise des sub-primes. Malheureusement c'est un rendez vous manqué auquel on a droit. Oliver Stone se perd dans un scénario convenu, une esthétique douteuse et des personnages transparents. Le cinéaste engagé sacrifie le fond pour la forme. Il faut dire pour sa défense que tout ce qu'il avait à dire sur le sujet, il l'a déjà dit en mieux 20 ans plus tôt.
L'histoire est d'une banalité à faire pleurer. Dès le début on sait où le réalisateur va nous emmener tellement les ficelles sont grosses. La moitié du film se concentre sur l'histoire d'amour entre Jake Moore (Shia LaBeouf) et Winnie Gekko (Carey Mulligan) dont on se désintéresse au plus haut point. De toute façon, on sait qu'ils vont finir par surmonter tous leurs petits problèmes et qu'à la fin ils vivront heureux et auront beaucoup d'enfants. C'est bien filmé, le niveau lacrymal est géré avec une parfaite maitrise mais c'est bourré d'images d'Epinal. On est pas loin du niveau d'une comédie romantique avec Meg Ryan.
L'autre moitié du film est centré sur Jake et ses magouilles financières, son combat contre le grand méchant du film, Bretton James (James Brolin) et sa relation avec son futur beau père, Gordon Gekko (Michael Douglas). Et là encore, même si c'est bien filmé, même si il y a un certain suspens qui maintient l'attention du spectateur, à défaut de son intérêt, c'est d'une fadeur, d'une superficialité étonnante. Le personnage de Bretton James est à mille lieux de ce que pouvait être Gekko, véritable ordure, dans le 1er film. Les magouilles financières nous sont expliquées de façon ludique, au moyen d'animations en 3D comme on en voit dans les journaux télévisés. On voit des courbes qui montent et descendent au grès des spéculations mais tout cela est froid. Tout cela est distant. On se croirait presque dans un jeu vidéo et jamais Stone ne s'intéresse à la dure réalité dernière ces courbes, aux millions de gens qui sont expulsés de chez eux faute de pouvoir payer leurs prêts, aux petits porteurs ruinés par des investissements pourris.
A coté de ca, ce qui pouvait être intéressant dans l'histoire est vite expédié. Je pense entre autre à la relation entre Gekko et sa fille. Alors, comme il faut bien remplir 2h15 de film, que fait on quand on a pas grand chose à dire? Et bien on meuble... Et Oliver Stone meuble bien son film par nombre de scènes qui n'apportent strictement rien à l'histoire : la course de moto, le taxi, le caméo de Charlie Sheen...
Quand aux second rôles, ils sont bien souvent superficiels et inintéressants. Que viens faire Eli Wallach dans cette galère? Est ce que quelqu'un peut me dire à quoi il sert? Et Susan Sarandon, la pauvre... J'adore cette actrice mais à quoi elle sert à part nous servir une morale a deux balles? Franchement, le coup de l'infirmière qui laisse tomber son boulot humainement gratifiant pour s'en mettre plein les poches dans l'immobilier mais qui à la fin va retrouver les vraies valeurs et retourner soigner les gens... C'est gros, c'est lourd, c'est pompier. Ça passerait dans un film de Ron Howard, mais là on parle bien du type qui a fait Platoon, JFK ou Born on the Fourth of July?
Je pourrais en dire encore bien des choses sur ce film mais je vais arrêter là. Je crois que vous l'avez compris, je n'ai pas particulièrement aimé ce film. Attention, le tableau n'est pas aussi noir que ma critique pourrait le laisser croire. Ça n'est pas un mauvais film. Certains pourront le trouver divertissant mais c'est bien ca au final le problème. Ce Wall Street 2 est juste divertissant et j'attendais bien plus que ca d'Oliver Stone, surtout vu le contexte économique actuel.
2 commentaires:
Ce n'est pas trop didactique sur les subprimes ?
Un peu si. On nous balance des fois 3 ou 4 sigles en 30 secondes. On a vite fait de décrocher.
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