jeudi 14 octobre 2010

Daniel Keyes - Des fleurs pour Algernon


Algernon est une souris de laboratoire dont le traitement du Pr Nemur et du Dr Strauss vient de décupler l'intelligence. Enhardis par cette réussite, les deux savants tentent alors, avec l'assistance de la psychologue Alice Kinnian, d'appliquer leur découverte à Charlie Gordon, un simple d'esprit employé dans une boulangerie. C'est bientôt l'extraordinaire éveil de l'intelligence pour le jeune homme. Il découvre un monde dont il avait toujours été exclu, et l'amour qui naît entre Alice et lui achève de le métamorphoser. Mais un jours les facultés supérieures d'Algernon déclinent. Commence alors pour Charlie le drame atroce d'un homme qui, en pleine conscience, se sent retourner à l'état de bête...

Il y a des livres qui semblent faire l’unanimité. Les critiques sont toutes bonnes. Il est recommandé par des écrivains prestigieux comme Isaac Asimov. Il a remporté de nombreux prix. Prix Hugo de la meilleure nouvelle en 1960. Prix Nebula du meilleur roman en 1966… Des fleurs pour Algernon semble être de cette trempe de romans. Et pourtant…. Je vais sans doute passer pour un mouton noir sur ce coup, mais je ne l’ai pas trouvé si génial que ca.

Ca n’est pas un mauvais livre. Je serais d’une totale mauvaise fois de vouloir le prétendre. Des fleurs pour Algernon a des qualités. Mais je lui fais un gros, un énorme reproche. Il ne m’a pas touché. Rarement j’ai trouvé le roman émouvant. J’ai longtemps cherché ce qui pouvait en être la cause. Peut être que ce roman n’est pas fait pour moi. Peut être que je suis quelqu’un d’insensible. Peut être, mais pas que ca.

En tout premier lieu, j’ai eu beaucoup de mal à m’identifier au personnage principal et à éprouver de l’empathie pour lui. Au début du livre il a le QI d’un enfant de 5 ans. Et encore, c’est insultant pour ma fille qui a cet âge. Très rapidement, dès que le traitement commence, son QI s’élève jusqu’à atteindre des hauteurs himalayesques. D’attardé, il devient un génie qui ferait passer Einstein pour un simple d’esprit. Rendre Charlie si intelligent n’apporte finalement pas grand-chose à l’histoire si ce n'est installer une distance entre le personnage et le lecteur.

Ensuite, j’ai trouvé que Daniel Keyes avait un regard trop clinique, trop froid sur la chose. Sans doute parce que le bonhomme est diplômé de psychologie. Alors sous certains aspects, le livre est bien foutu. Keyes explique très bien tous les problèmes que peuvent poser un accroissement rapide des facultés intellectuelles. Mais il ne parvient que trop rarement (retrouvailles avec la mère et la sœur, dernier jours de régression) à rendre son récit émouvant. Je trouve que sur ce point là, le livre passe à coté de son sujet.

Ce livre ne me laissera donc pas un souvenir impérissable. Je pourrais éventuellement le recommander à quelqu’un qui n’a pas l’habitude de lire de la SF ou à la recherche d’une lecture facile et rapide. Mais même dans ce cas là, je pense qu’il y a mieux à lire.

5 commentaires:

Julien le Naufragé a dit…

Dommage que tu ne n'apprécie pas plus que cela le livre. De mon coté, je le trouve génial. Mais je n'en attendais rien à l'époque de ma lecture, cela aide peut-être d'entrer dans un livre sans à priori.

Pitivier a dit…

Je pense que ce type de SF n'est tout simplement pas pour moi. Je trouve que c'est un peu trop naïf. Mais peut être que c'est moi qui suis un peu trop cynique.

Edwoodette a dit…

Cette impression de naïveté vient peut-être du fait que le roman est un peu écrit à la manière d'une fable?
Personnellement, je n'ai pas eu du tout le même ressenti que toi, j'ai trouvé au contraire ce roman très émouvant.
Quand tu dis que "Rendre Charlie si intelligent n’apporte finalement pas grand-chose à l’histoire" je ne suis absolument pas d'accord, puisque c'est ça, à mon avis, qui donne tout son sens à l'histoire de Charlie: en devenant un génie, il atteint la transcendance, et il est d'autant plus douloureux pour lui d'assister à sa propre déchéance, en mesurant toute l'étendue de ce qu'il perd, inexorablement. (à moins que j'aie mal compris le sens de ta phrase? dans ce cas, toutes mes excuses^^!).
Quant à la distance entre Charlie et le lecteur, on peut la rapprocher de la distance qui le sépare des autres personnages du roman: quand il est attardé, il est victime de cette distance à cause de l'écart intellectuel entre lui et les autres. Il souhaite devenir plus intelligent pour être accepté, mais finalement cette distance demeure, puisqu'il devient "trop" intelligent pour être sur la même longueur d'onde que ses congénères. A cela s'ajoute un écart assez tragique entre sa progression intellectuelle fulgurante et une grande immaturité sur le plan émotionnel.
Bref, pardon d'en écrire des tartines pareilles, mais ce que je voulais dire c'est que je ne pense pas que Des Fleurs pour Algernon soit si naïf que ça, au contraire, il y a plusieurs niveaux de lectures. Dommage qu'il ne t'ait pas convaincu.

Pitivier a dit…

Franchement, je crois que si Charlie avait eu un niveau d'intelligence "normal", il se serait rendu compte tout autant de sa déchéance. Pas besoin de devenir Einstein pour ca... Après c'est peut être une question de sensibilité, mais je n'ai pas réussis à m'identifier à Charlie. Les seuls moment où je l'ai trouvé intéressant c'est quand il régressait, quand il a retrouvé sa mère et sa soeur, quand il a visité l'asile et qu'il s'est rendu compte qu'il y finirait ses jours, quand Alice a finalement accepter de vivre leur histoire d'amour pleinement sachant qu'elle n'avait pas d'avenir et qu'elle souffrirait. Là il y avait de l'émotion, là le livre m'a intéressé. Malheureusement ca arrive aux trois quart du livre... Mais bon, j'admets volontiers que je ne suis pas la cible de ce livre.

Luna a dit…

Ce livre est un véritable coup de coeur pour moi ! C'est dingue de voir tout ce que Charlie subit et traverse... je ne pense pas que quelqu'un puisse rester insensible devant ce livre !

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